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Le Bouif errant

contingences vulgaires. Laisse-moi agir, c’est pour la Cause.

Un quart d’heure plus tard, les Cannibales, les Naufragés, la Négresse, le Négrier, le Cinéaste, les Assistants et le Metteur en scène soupaient joyeusement et sablaient le champagne sur les rochers de l’île déserte.

Ce repas photogénique était tout à fait pittoresque.

Au dessert, Sava et Bicard racontèrent toutes les péripéties de la Révolution carinthienne.

— Quel film historique nous allons faire avec cela, mes enfants, affirma Clairvil. Je suis sûr d’une exclusivité. L’histoire tournée par les personnages eux-mêmes. Quel tabac ! Avec un million de publicité, je prévois un milliard de bénéfices.

Mirontin, très timidement, esquissa un commencement de scénario. Clairvil lui coupa son inspiration.

— Pas de boniments littéraires, mon ami. Vous barbez Sa Majesté. N’écoutez pas cet Idiot et allons causer d’affaires, Sire.

Les cinq millions du Bouif Errant venaient de remettre le Roi de Carinthie sur le Trône.

Tandis que Clairvil et Bicard s’éloignaient, le Prince Ladislas se pencha vers la Princesse de Kummelsdorf.

— Mitzi, dit-il très bas, voici Nos Altesses engagées dans une Aventure de fortune, qui nous éloigne de la Politique. Regrettez-vous le palais de Selakçastyr, Princesse ?

— Non, fit doucement la jeune fille, mais je regretterai notre Île déserte.

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