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Le Bouif errant

Seulement, à mesure qu’il descendait les étages, sa physionomie perdait, peu à peu, son masque d’insouciance. Une mélancolie progressive assombrissait le visage de Bicard. Son sourire était devenu une grimace quand il atteignit le rez-de-chaussée.

Machinalement, il descendit la rue Lepic.

Au coin du boulevard Rochechouart, des consommateurs, dans un café, le reconnurent et l’interpellèrent.

— Mais c’est le Bouif !

— Bicard ! Eh bien, Bicard !

— On ne reconnaît plus les copains ? Où vas-tu si pressé, Bicard ?

L’homme releva la tête et salua. Par un effet de volonté, il eut le courage de cligner de l’œil et de désigner, au lointain, une silhouette élégante et écourtée qui filait vers la place Clichy.

— Une poule ! il suit une poule, conclut un des interpellateurs. Sacré Bicard ! Il les veut toutes… Quel lapin !

Le lapin esquissa un geste vague et pressa le pas dans le sillage de la jeune personne, qui entra au Gaumont-Palace. Mais Bicard ne la suivit point. Une préoccupation manifeste l’empêchait de s’intéresser aux choses extérieures. Il fouillait avec persévérance dans toutes ses poches et en inventoriait le contenu, en murmurant des phrases courtes.

— Saleté… Un cure-dent… Un ticket de métro perforé… Dix centimes. Ah, la chameau !… Elle m’a eu jusqu’au trognon. Un sou percé… Fétiche ! Une invitation pour me rendre chez le juge de paix pour avoir refusé de payer une note de ma