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Le Bouif errant

testament et il allait le mettre dans la poche de son veston, quand il se ravisa pour écrire un codicille.

P.-S. — Je lègue ma fortune de vingt-cinq centimes, que je porte entièrement sur moi, à la Souscription Nationale pour faire remonter le Franc.

Il signa, data, replia ses dernières volontés et, sans même un soupir de regret pour cette existence qu’il allait quitter, il se dirigea résolument vers la petite porte de l’escalier du monument.

L’agent l’attendait sur le seuil en causant avec le gardien.

— Où allez-vous ? demanda ce dernier.

— C’est pour monter, dit Bicard.

— C’est un franc les jours de semaine et deux francs le vendredi.

— Vous ne faites pas de réduction pour les membres du Parlement, demanda l’ex-bistro de la Chambre.

Le gardien toisa Bicard. L’agent eut une mimique expressive.

— Je vous le disais bien… c’est un fou ! fit-il à voix basse au gardien.

Puis, avec une paternelle indulgence :

— Revenez dimanche, mon ami. La visite des édicules nationaux, elle est gratuite ce jour-là.

Le Bouif regarda l’ouverture de la porte que la corpulence du gardien obstruait, empêchant toute tentative d’escalade par surprise. La mauvaise chance était décidément sur lui. L’Arc de Triomphe lui était interdit.