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Le Bouif errant

fiés de leurs barbes, ces figures souveraines jetaient le javelot, conduisaient des chars d’assaut, tendaient la main vers l’ennemi et présidaient aux massacres avec une majesté inaltérable. Ils symbolisaient la terreur, le fanatisme et la stupidité. C’étaient des précurseurs, dont les noms éclataient comme des pétards même avant l’invention de la poudre. Ainsi les théories des Assharaddon, des Teglath-Phalazar, des Sennachérib, des Baldekatzar, des Schamshiramnan et des Sordubanal, se déployaient, avec les généalogies des défunts inscrites sur la pierre.

Le cabinet du docteur semblait une reconstitution du gynécée de Nabuchodonosor, tellement les effigies féminines, mélangées aux silhouettes bestiales, abondaient sur les tapisseries pendues aux Murs.

Le mobilier, composé de divans et de coussins, entourait une lourde table, qui affectait la forme d’un sarcophage.

Et, partout, sur des blocs massifs, se dressaient des statues informes ou mutilées, des fragments de bas-reliefs de pierre ou de bronze : tout un bric-à-brac d’antiquités copiées sur les trésors du Musée du Louvre.

Il ne manquait, au milieu de ces vestiges d’une civilisation disparue, qu’un guide et une caravane d’Anglo-Saxons, tous leur Bædeker à la main.

Car le docteur Cagliari, jaloux de la gloire de Lord Carnavon, qui avait entamé des relations avec la momie d’un Pharaon, prétendait avoir retrouvé le sarcophage d’un roi de Ninive, mentionné dans Hérodote ; la momie de Sémoikalphalzar, qui