Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/101

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votre nièce si elle ne reçoit de prompts secours. Anina, pâle et froide, rouvrit les yeux et vit le jeune homme qui la secourait.

— André, dit-elle, vous m’avez trompée… c’est mal.

Lord *** et milady échangèrent un regard satisfait ; André, frappé au cœur, descendit en silence de la voiture que la foule laissa libre pour entourer de nouveau le charlatan. On parlait de miracle et de résurrection, mais le jeune homme n’entendait rien et ne pouvait plus parler. On voulut savoir son adresse, on le porta en triomphe à son hôtel où la foule stationna pendant plusieurs heures. La cure merveilleuse opérée dans l’équipage l’avait rendu célèbre. Si André eût voulu, il faisait fortune à Londres ; mais il avait bien autre chose à penser.

Arrivée dans son appartement, Anina, sans changer de toilette, se jeta accablée dans un fauteuil ; elle ne se plaignait pas ; elle n’avait point de larmes, Près d’elle, lord *** et sa femme la contemplaient en silence.

— Ah ! c’est mal, monsieur, ce que vous avez fait, dit-elle. J’aurais pu en mourir.

— Non, mon enfant ; cette crise passera, mais l’épreuve était nécessaire ; j’ai agi pour votre bien.