Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/11

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salle et se retira dans le coin le plus obscur, où il se fit servir un modeste repas.

La jeune femme ne put voir sans s’y intéresser ce beau visage tout rêveur qui semblait vouloir se cacher.

— Il est malheureux ! se dit-elle. Ah ! si je pouvais lui être utile.

Peut-être un peu de curiosité se mêlait-elle au désir du cœur ; mais ce n’était pas la faute de Belle et Bonne, si elle était fille d’Eve.

La jolie maîtresse de la Chaumière portait une robe d’indienne à fleurs bleues dont le corsage ouvert laissait voir à travers un fichu de tulle des épaules rondes et blanches comme celle d’un enfant ; une petite croix d’or pendait à son cou, attachée avec un ruban bleu pâle comme les dessins de sa robe, ses cheveux crêpés et frisés pouvaient se passer d’ornement : elle le savait bien ; sa taille souple et fine était gracieusement dessinée par une ceinture bleue comme le reste de sa modeste parure, et comme ses yeux dont la pureté de couleur ne perdait pas à la comparaison.

Plusieurs fois Belle et Bonne avait fait un mouvement pour quitter son comptoir et s’approcher du mystérieux inconnu ; mais toujours l’intention de la jeune femme était empêchée par l’arrivée de quelque