Oh ! ne viens pas, printanière gelée,
Vierge menteuse au voile blanc !
À ta douceur la souffrance est mêlée :
Tu sais mentir en souriant.
Quand le printemps nous jette à flots la vie,
Oh ! ne viens pas la respirer :
Ton souffle brûle ; et la terre flétrie
Meurt dès qu’il ose l’effleurer.
Déjà les fleurs entr’ouvrent leur corolle,
Déjà la tige s’enhardit ;
Et, moins craintif, le jeune insecte vole
Sur le feuillage qui grandit.
Dans nos jardins se balance l’emblème
De l’espoir et de la beauté ;
Le papillon, sur la plante qu’il aime,
Se repose avec volupté.
Au sein des prés, la pâquerette humide
Dégage son front du gazon,
Et son regard, incertain et timide,
Lit l’espérance à l’horizon.