Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/29

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— Ah ! s’écria-t-il, je l’oubliais, lui ! c’est impossible.

Le commissaire de police se retourna.

— Qu’avez-vous ? demanda-t-il avec douceur.

— Mon grand père ! répondit le charlatan, dont le visage perdit tout à coup de sa fierté dédaigneuse, un pauvre vieillard paralytique qui m’attend et doit s’inquiéter déjà de ce retard prolongé… oh ! je vous en prie, monsieur, mon absence doit être pour lui une inquiétude douloureuse ; expliquons-nous ici… en quelques mots… cela doit être facile… de quoi m’accuse-t-on ?… Vite, je vous en prie.

— Ne l’écoutez pas, monsieur le commissaire, s’écria la petite bonne furieuse ; le roué veut gagner du temps.

L’Anglaise, la mère de l’enfant volée, avait suivi, agitée et tremblante, tous tes détails de cette scène. Elle prit à part le magistrat.

— Cet homme n’a pas l’air méchant, lui dit-elle ; peut-être tirerait-on de lui un aveu par la douceur et les promesses, si l’on essayait de l’interroger ici ?…

Belle et Bonne s’était rapprochée instinctivement de l’autre jeune mère, partageant son intérêt, dans la sincérité de son cœur, entre la douleur navrante de celle-ci et le danger que courait l’inconnu.