Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/53

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fatalité.

Puis sa tête retomba lourdement sur l’oreiller ; une sueur froide couvrit son front de ses perles liquides et nacrées, ce dernier vestige de vie que l’âme, en s’échappant, semble jeter comme parure à la mort.

On n’entendit plus rien, pas même le dernier soupir qui terminait les souffrances de la mère et faisait l’enfant orpheline.



CHAPITRE V.

Anina.


La nuit était venue, une nuit froide et pluvieuse dont le brouillard épais ne permettait point de voir à cinq pas en face de soi. La petite ville de Châlons, si animée, si bruyante pendant le jour, était silencieuse ; quelques rares lumières paraissaient aux fenêtres de ceux que le travail ou le plaisir tenait éveillés ; mais, pour la plupart des habitants, c’était l’heure du sommeil et du repos : il était minuit.

Le cercle et les cafés eux-mêmes se fermaient ; un seul cabaret, situé sur le quai, à peu de distance de