Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/71

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l’intérieur et le cachet d’aristocratie qui distingue l’institutrice, dont la grâce sérieuse semble se refléter sur les élèves qui reçoivent ses soins.

C’est le lendemain d’une distribution de prix ; on ne le croirait pas à voir l’ordre sévère qui règne dans toute la maison ; le silence a succédé à la bruyante animation des jours précédents ; toutes les pensionnaires sont parties, à l’exception d’une seule.

Celle-ci est une grande et belle jeune fille qui pourrait être une femme ; elle a dix-huit ans à peu près, ses traits ont une distinction remarquable ; ses grands yeux bleus sont limpides comme l’innocence qu’exprime un regard d’enfant qu’on s’étonne de trouver mélancolique. Ses beaux cheveux blonds dorés, tombent en boucles autour de sa tête, qui se penche sur un cou d’une blancheur qu’on ne trouve guère qu’au-delà du détroit Elle se promène, solitaire et triste, dans le jardin du pensionnat, dont elle moissonne les fleurs avec indifférence ; sa poitrine est soulevée par de fréquents soupirs ; son front se penche vers la terre comme si la douleur l’eût déjà courbé. On croirait une fleur à peine entr’ouverte qui va se flétrir. Mais, lorsqu’elle relève sa tête mélancolique et grave, lorsque son regard quitte la terre pour s’égarer dans un lointain h