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Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/73

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que ma

petite Anina est en toutes choses d’une supériorité sans égale ?

— Flatteur ! c’est là une mauvaise excuse. J’étais seule, moi, ajouta la jeune fille avec tristesse ; toutes mes compagnes avaient un père, une mère, une sœur, un parent, des amis ; toutes, excepté moi. Quel bonheur veux-tu que me donnent ces succès si je ne puis te les faire partager, à toi, mon André, toute ma famille, toutes mes affections en ce monde  ? Mais, peu importe, te voilà ; j’oublie tout à la condition que tu ne me quitteras point pendant ces vacances. Tu viens me chercher, n’est-ce pas ? Trois ans de prison, n’est-ce pas assez ? je manque ici d’espace et d’air. Pourquoi m’y laisser encore ? Mon frère, j’ai l’âge d’être femme ; et la place de ta sœur est désormais auprès de toi.

Celui qu’elle appelait André baissait la tête sans répondre.

— Qu’as-tu donc, mon frère ?… tu souffres… parle… ton silence m’effraie.

— Oui, je parlerai, fit André avec effort. Il le faut ; le temps est venu où tu dois tout savoir, petite sœur bien-aimée.

— Tout savoir… que veux-tu dire  ?

— As-tu du courage, Anina ?

— Je n’ai pas encore eu l’occasion