Page:La Gerbe, nouvelles et poésies, tome 2, série 1, 1859.djvu/94

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oncle ne vous eussent arrachée à cette chaîne, vous seriez aujourd’hui…

— Madame André, interrompit Anina, moitié moqueuse, moitié irritée encore. C’est un nom qui n’a rien de plus désagréable qu’un autre. Et je serais la femme sans doute d’un honnête ouvrier que j’aimerais, parce que je pourrais l’estimer. C’est là un bonheur que toutes les femmes n’ont pas.

— Détrompez-vous ! s’écria milady pâle de fureur, cet homme n’est pas plus estimable qu’honorable ; vous ne connaissez pas, vous ne pouvez connaître sa profession.

— Quelle qu’elle soit, Madame, je réponds sur mon propre honneur qu’elle est honorable. Et si quelqu’un osait dire devant moi le contraire…

— Que feriez-vous ?

— Je lui donnerais un démenti !

— Insolente ! sachez donc qu’il est…

— Qu’est-ce que ce bruit ? qu’avez-vous donc, chère milady ? Comme vous voilà pâle et tremblante, interrompit en entrant lord***. Serait-ce encore une discussion au sujet de M. André ? Oui, sans doute. Cependant, chère amie, nous ne pouvons nous dissimuler que cet homme ne soit parfaitement honorable, qu’il n’ait agi toute sa vie en homme de cœur et d’honneur. Nous lui devons notre chère Anina ;