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XII

Paix et monuments


En attendant que l’avenir nous éclaire sur le sujet, sir Djâne Maquedelaine, Baptiste et le Toine, au grand ahurissement du Père Tremblay et de tout le Bas, avaient conservé leurs positions dans le haut du Trois.

Puis la tourmente électorale passée, chacun avait repris son rôle.

Sir John gouvernait de nouveau le pays, et l’endettait, mais pour construire le Pacifique. Baptiste continuait à acheter à crédit, mais hypothéquait sa ferme pour éviter de tomber dans les griffes des usuriers, entre les mains de qui avaient échoué plusieurs de ses billets signés aux encans.

Antoine, lui, continuait à racheter noblement son accès de mauvaise humeur en endurant avec patience les visites des troupeaux de Baptiste dans ses cultures ; visites que les animaux d’Antoine se croyaient maintenant obligés de rendre, tant ils étaient eux-mêmes devenus vagabonds, grâce aux mauvaises clôtures, et à l’exemple donné par leurs congénères et voisins.

Un monument, toutefois, ou plutôt deux, rappelaient, et après plus d’un quart de siècle rappellent encore, tant ils sont durables, l’incident des Grandes Fardoches.

Ce sont les parts de chemins de Baptiste et d’Antoine, tant dans la route que dans le grand rang et au cordon.

Au lendemain même de « l’affaire », Baptiste s’était mis à l’œuvre avec ses bœufs, et vous avait fait les plus beaux chemins du comté : ronds, bien fossoyés, et presque macadamisés. Antoine, piqué au vif, en avait fait autant pour les siens, mais par des méthodes différentes, attendu que tout ce travail s’accomplissait avant les accordailles.