Aller au contenu

Page:La Glèbe - Le diable est aux vaches.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XXIII

Le « Bi »


Le bi, c’est-à-dire la corvée collective, commença presqu’aussitôt, et en l’absence de Baptiste. Ce dernier était descendu au village et avait consenti à n’en revenir qu’après la messe de minuit, et à laisser le Sauvage faire tout ce qu’il voudrait à l’étable, à condition qu’il n’usât pas de maléfices… Le Père Tremblay, en sa qualité d’ancien capitaine de barge, fut chargé de l’exécution immédiate des travaux, sous la direction du Sauvage. L’étable fut nettoyée de fond en comble. Il en fut de même des accessoires : crèches, auges, etc.

Quatre larges ouvertures furent pratiquées au moyen de l’égohine neuve, dans le mur sud. Les équidés et les bovidés furent étrillés, brossés, etc. Nonobstant les recommandations, les questions furent nombreuses. Mais, à cause sans doute de la bonne volonté et de l’humeur joyeuse des travailleurs, le Sauvage devenait plus loquace et répondait, laconiquement mais sans broncher, à toutes les interrogations, surtout à celles faites par les dames qui, accompagnées de Madame Pinette, venaient par petits groupes constater le progrès des travaux.

— Pourquoi tant écurer que ça, je vous demande, faisait l’une ?

— Le Méchant aime la cochonnerie, Madame, répondait le Sauvage.

— Mais les cochons, eux, ne font pas de mal dans l’étable ; pourquoi pas les laisser là ?

— Vous avez jamais entendu dire, Madame, que le Méchant Esprit, chassé de la maison, se réfugia dans le corps des pourceaux, qui allèrent ensuite se noyer.

— C’est pourtant vrai !