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— Mets lui gros comme un pois d’onguent partout où il a des bibittes, continua le Sauvage, désignant le coq ; mais fais attention, c’est poison.

Et s’adressant à M. Pinette :

— L’année prochaine tu ferais ben mieux de te construire un petit bâtiment exprès pour tes poules. Un seul lambris de planches, le devant exposé au sud, avec un grand châssis vitré et deux bons châssis en coton jaune commun. Chaque fois qu’il fera beau, et quand même il ferait froid, tu tiendras ces deux châssis ouverts toute la journée, pour que le soleil et l’air y entrent…

Au moyen d’un crayon de charpentier, le Sauvage esquissa grossièrement sur le mur encore tout « frimassé », la charpente et l’intérieur du bâtiment proposé, lequel devait avoir quinze pieds carrés et pouvait contenir, disait-il, une cinquantaine de poules.

Rappelant ses souvenirs l’auteur a pu retracer les grandes lignes de la construction et de l’aménagement intérieur esquissés sur le mur de l’étable par l’ex-palefrenier de l’école vétérinaire américaine.

Et il est heureux d’en fournir à la fin de ce roman un dessin assez fidèle.

Le Sauvage énuméra les divers soins à donner aux volailles, puis sortit d’une crèche un sac contenant une grossière poudre noire, et dit à M. Pinette : « Tiens toujours de ça devant les poules, du commencement de l’année à la fin. Tiens-en toujours aussi devant les tout petits poulets. Donne-z’en aussi à tes porcs ; ça les tiendras en appétit, ça les « tonera »[1] et ça les empêchera de manger leurs petits. »

« On dirait à la voir que c’est du charbon ou de la poudre qui vient de l’enfer ; mais crains pas ; y a rien de mieux, pour la volaille surtout… »

Le docteur sauvage dut interrompre ici ses ordonnances.

Un autre personnage venait d’entrer et réclamait l’attention de Baptiste.

C’était le meunier.

— Tiens, disait-il à Baptiste, je t’ai apporté ta gaudriole, remets-moi le gru…

— La gaudriole mais je l’ai reçue, fit Baptiste.

  1. De l’anglais to tone : tonifier.