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Mémoires

menoient de quoi dîner[1]. Aussitôt que l’on eut mis le premier appareil à ces deux gardes, qui

  1. « Ce jour (19 janvier), est-il dit dans la Seconde arrivée du Courrier françois, monsieur le duc d’Elbeuf estant sorty avec de la cavalerie pour aller du costé de la province de Brie, deffit des troupes mazarines qui emmenoient quantité de bestial et particulièrement quatre à cinq cents porcs, lesquels il fit conduire à Paris. » Ce n’est pas tout à fait le récit de madame de La Guette. Le traducteur en vers du Courrier, Saint-Julien, raconte ainsi cette victoire des Frondeurs dans le Courrier burlesque de la guerre de Paris :

    Le mardy, du costé de Brie,
    Sortit avec cavalerie
    Le généreux prince d’Elbeuf ;
    Ce fut de janvier le dix-neuf
    Qu’ayant rencontré quelque bande
    Des volleurs de nostre viande,
    Notamment de cinq cents gorets,
    Il prit en main leurs intérêts,
    Et battant ces oyseaux de proye,
    Gagna les gorets avec joye,
    Que ces animaux, par leurs cris
    Firent connoître à tout Paris.

    Pour l’auteur des Vers burlesques envoyez à monsieur Scarron sur l’arrivée du convoy à Paris, ce n’est pas assez de cinq cents gorets ; il y ajoute deux mille moutons et huit cents bœufs :

    Escortez par monsieur d’Elbeuf ;
    Vitry, Narmoutier, La Boullaye
    Leur faisoient une belle haye.
    Mesmes le grand duc de Beaufort
    Empeschoit qu’on ne leur fist tort.

    L’exploit lui avoit paru trop digne de la reconnoissance des Parisiens pour en laisser l’honneur au duc d’Elbeuf tout seul. Si son énumération n’est pas complète, c’est uniquement parce qu’il veut épargner ses lecteurs :