est arrivé qu’ils ont toujours été rares en France ; et des faits que nous exposerons, nous ne doutons pas qu’il ne ressorte en tout cas cette conclusion qu’aucun pourpoint n’est caché sous le manteau de madame de La Guette.
Une observation générale sur les Mémoires est nécessaire avant tout ; c’est que madame de La Guette s’est très-étroitement renfermée dans le sujet de son livre, qu’elle n’a voulu raconter et qu’elle n’a raconté en effet que l’histoire de sa vie. Tout ce qui ne la touche pas d’une manière directe, tout ce qui n’est pas avec elle en rapport immédiat, est écarté impitoyablement. Elle n’introduit dans ses récits un personnage qu’autant qu’elle a été en contact avec lui. Quand le contact a cessé, elle l’abandonne ; elle n’en parle plus. Elle ne le met en scène que juste au moment où il se rencontre sur son chemin, sans préparation et sans éclaircissement. Elle marche, pour ainsi parler, à travers les hommes et les événements, toujours droit devant elle, toujours occupée d’elle-même et d’elle seule. Ce n’est pourtant ni affectation ni orgueil. C’est simplicité ; c’est ignorance de l’art d’écrire. Toutefois on pourroit peut-être remarquer dans sa narration des réticences calculées. Ainsi elle vante la noblesse de son père ; mais elle ne donne pas même le nom de sa mère, qu’elle aimoit néanmoins avec beaucoup de tendresse et qu’elle loue avec