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de Mme de La Guette.

fûmes à une demi-lieue de la Tour Blanche, M. de Lavor prit congé de moi, en m’assurant qu’il n’y avoit rien à craindre et que le danger étoit passé. Cette action étoit aussi honnête qu’on en puisse voir. J’arrivai donc à la Tour Blanche. M. de Sainte-Olive mit pied à terre et monta au château pour prier le gouverneur de me donner escorte et lui dire qui j’étois. Aussitôt qu’il eut ouï mon nom, il dit : « Je suis trop serviteur de M. de La Guette pour ne pas retenir madame sa femme et lui faire offre d’un mauvais dîner. » J’étois demeurée tout à cheval dans la place d’armes, en attendant le retour de Sainte-Olive, et m’amusois à m’entretenir avec quelques soldats et leur faisois bien connoître qu’ils auroient été mieux ailleurs. Sur ces entrefaites, M. de La Roche-Vernay (c’étoit le nom du gouverneur), me vint trouver et me dit qu’il se tenoit heureux de me pouvoir servir ; que mon escorte seroit prête aussitôt que j’aurois mangé un morceau, et que, pour cet effet, il m’alloit mener chez des demoiselles de ses amies qui me feroient compagnie au repas. Comme M. de Saint-Olive lui avoit dit que je ne mangeois point de viande à cause qu’il étoit carême, il m’y mena sans que je pusse m’en défendre. Elles me reçurent civilement en considération de M. le gouverneur. Puis il prit Sainte-Olive par le bras et lui dit : « Allons boire à la santé de Mme de La Guette, que nous reviendrons trouver quand elle aura mangé un morceau. » Je m’entretins avec ces bonnes demoiselles en atten-