Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/179

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
127
de Mme de La Guette.

ils crioient : vive madame de La Guette ! puis ils recommençoient leur batterie à outrance. Ils me firent un plaisir extrême ; car mon inclination n’est que le bruit des tambours et les fanfares des trompettes. Sainte-Olive accourut dans ma chambre, ne doutant pas que je voudrois faire quelque libéralité à ces messieurs. Il ne se trompoit pas, car je lui donnai cinq ou six pistolets pour leur jeter. Ils se retirèrent très-satisfaits. Je me levai ensuite pour m’en aller à Périgueux ; mais M. le gouverneur voulut encore me régaler avant mon départ, et dit à Sainte-Olive qu’il ne me laisseroit pas partir devant dîner ; qu’au moins il m’en supplieroit de tout son cœur. Saint-Olive me dit : « Madame, donnez-lui cette satisfaction-là quand il vous en priera. » Aussitôt que je fus habillée, il entra dans ma chambre avec tous ses officiers, car il marchoit toujours en corps. Je le remerciai du plaisir qu’il m’avoit fait de m’avoir envoyé une si jolie fille. Il me répondit qu’il avoit bien de la joie que j’en fusse satisfaite. Je lui parlai aussi de son réveille-matin, et lui dis qu’il y avoit longtemps que je n’avois été éveillée si agréablement. Il me repartit : « Madame, ils ont fait assez de bruit. Je croyois que cela vous auroit pu déplaire. » — « Au contraire, Monsieur, j’y ai pris beaucoup de plaisir, et vous en suis fort obligée. » Il me pria de bonne grâce de ne vouloir partir qu’après dîner, à quoi je consentis. Le repas fut splendide et magnifique en sorte qu’un prince en auroit été très-satisfait. Aussi il