reçut ma lettre chez M. de Chavagnac[1], qui étoit gouverneur de la ville pour M. le prince, et étoit frère de cet autre Chavagnac[2] qui étoit dans les troupes du roi. Il dit à mon fils : « Monsieur de La Guette, quelle lettre avez-vous là ? » (car il la reçut dans le temps qu’ils étoient à table). Mon fils lui dit que c’étoient de mes nouvelles ; que j’étois à Périgueux, et que je lui mandois de me venir trouver. Il lui en demanda la permission, comme étant gouverneur ; puis il prit quatre ou cinq de ses amis, pour y venir ensemble, parce qu’il y avoit de grands dangers par les chemins.
Quand il fut en campagne, il trouva M. le comte de Marsin à la tête de quelques troupes, qui lui dit : « Où allez-vous ? » Mon fils lui dit : « Monsieur, je vas trouver ma mère qui est à Périgueux. » — « Je vous le défends bien, lui dit M. de Marsin. Je suis assuré que les paysans vous tueroient, vous et vos amis ; retournez-vous-en au plus vite, et quand Mme votre mère sera à Bordeaux, vous y viendrez. M. de La Guette est allé la chercher. » Cependant, il lui commanda quelque chose pour dire à M. de Chavagnac, et lui dit de plus qu’il n’étoit pas fâché de l’avoir trouvé ; qu’il avoit dessein d’aller à Sarlat lui-même, mais que sa rencontre l’en avoit empêché, lui pouvant confier toutes choses. Mon fils lui fit la révérence et s’en retourna.
M. de Marsin prit une autre marche, par un grand