Il fit cent caresses au sieur de Sainte-Olive et lui témoigna l’obligation qu’il lui avoit de s’être bien
froyable malheur qui venoit de lui arriver. Je ne fus pas moins
attendri que lui : mais quelque effort que je fisse pour lui faire
prendre quelque nourriture, il me fut impossible de lui rien
faire prendre de quarante-huit heures. M. de Candale et tant
de gens de mes amis s’employèrent à le consoler qu’il résolut
d’aller cacher sa douleur chez lui, où monsieur le Prince lui
envoya deux mille écus pour le défrayer de la perte qu’il venoit
de faire. » Mém. de Chavagnac, page 173 du premier volume.
La Gazette de France a beaucoup moins de pitié pour Chavagnac,
qu’elle accuse d’avoir tyrannisé les habitants de Sarlat
et d’avoir poussé la cupidité jusqu’à « violer la paix des tombeaux »
pour y trouver de l’argent ; elle dit que sa femme fut
seulement blessée ; mais ce n’est pas ce que nous voulons faire
remarquer. Elle insiste longuement sur la part que les magistrats
de la ville prirent au mouvement ; elle en nomme plusieurs
avec éloge : Borcel, avocat et consul ; De Costes et Sainclar,
conseillers au présidial. Voilà, croyons-nous, ce qui est
d’autant plus digne d’attention que madame de La Guette, Balthazar
et Chavagnac ne parlent que des officiers du régiment
de Marsin.
Chouppes, qui n’aimait pas Marsin, lui impute la responsabilité
des deux tragédies de Périgueux et de Sarlat : « Marsin,
dit-il, sépara son année en trois corps, dont il donna le commandement
à Balthazar, à Chavagnac et au marquis d’Aubeterre ;
et lui se retira à Bordeaux… M. de Candale ayant été averti de
cette manœuvre, se retira d’Agen et envoya le chevalier d’Aubeterre
vers le Mont-de-Marsan avec quelques troupes pour
serrer Balthazar. M. de Candale fit des entreprises sur nos
quartiers, surprit Jarzay, fit Chavagnac prisonnier, fit révolter
les régiments de cavalerie et d’infanterie de Montpouillan et
même celui de Marsin, défit le corps des gendarmes et mon
régiment, qui étoit de la brigade du marquis d’Aubeterre. Le
comte de Maure fut fait prisonnier, et enfin l’armée de M. le prince
devint à rien par la faute d’un homme qui étoit incapable
de suivre de bons conseils. » Mémoires du marquis de
Chouppes, page 22 de la deuxième partie.
L’affaire de Sarlat est du 23 mars 1653. Le héros infortuné de
cette triste aventure s’appeloit François de Chavagnac. Il avoit