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Mémoires

bien aise de voir et de remercier de toutes les offres qu’il m’avoit faites et de savoir s’il n’avoit rien à lui commander pour Bordeaux.

Nous montâmes à cheval une heure après et allâmes à Bergerac, où étant arrivés, M. de La Guette fut rendre ses respects à M. de Castelnau, fils de M. le maréchal de La Force, qui a été depuis duc de ce nom[1], pour le supplier de vouloir donner un trompette au sieur de Sainte-Olive, afin de le conduire sûrement dans les troupes du roi. M. de Castelnau le fit fort obligeamment. Ainsi, il fallut nous séparer, Sainte-Olive et nous. Mon mari lui fit présent d’un de ses chevaux qui étoit fort beau. Nous continuâmes notre chemin agréablement ; puis nous nous embarquâmes à Libourne, sur la Dordogne, pour passer dans des marais qu’on appelle vulgairement de Paluz. Nous gagnâmes la Bastide vis-à-vis de Bordeaux ; puis nous nous rembarquâmes sur la Garonne pour la traverser seulement, et mîmes pied à terre tout contre la porte du Chapeau-Rouge. Mon mari me mena à son logis, où il fit faire grand feu et préparer un fort bon lit. Il me dit : « Couchez-vous pour vous reposer ; vous ne verrez personne aujourd’hui. Je vas trouver M. le comte de Marsin pour lui dire votre arrivée, et que vous aurez l’honneur de le voir demain. Si Mme de Marsin me demande de vos nouvelles, je

  1. Henri Nompar de Caumont, marquis de Castelnau, duc de la Force en 1675, après la mort de son père, Armand, duc de la Force et maréchal de France. Il mourut lui-même en 1678.