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de Mme de La Guette.

voilà un courrier qui passe pour la cour, qui me vient d’assurer que M. le prince de Conty a quitté, que le comte de Marsin s’en est allé, que Balthazar est au diable, et ainsi de tous les autres. » Je lui dis que cela ne pouvoit être ; qu’il n’y avoit que quatre ou cinq jours que j’étois partie de Bordeaux ; que l’union avec l’Ormée étoit encore grande ; que de plus, ils attendoient du secours d’Espagne, à ce que l’on disoit ; mais que j’espérois pourtant que le roi seroit bientôt le maître. Sur ces entrefaites mon mari entra et ne regarda personne ; il me prit par la main et me dit : « Allons, Monsieur de Marsin ; venez voir M. le comte de Riberac. — Qu’appelez-vous M. de Marsin ? — Oui, Monsieur de Marsin. On dit que vous l’êtes ; il faut que vous fassiez voir

    Duprat a citée dans l’Histoire des villes de France, prouve qu’on n’avoit pas une meilleure idée de lui en Guyenne qu’en Périgord : « Ledit Balthazar est si puissant et si cruel que tout le monde le craint. Il est Allemand et non point noble, sinon pour ses armes. Il n’a point aucune religion de bonne. On dit qu’il est magicien. Il ne parle jamais familièrement à personne ; mais il parle toujours de tuer et de pendre. » On pourroit rapprocher utilement de son Histoire de la guerre de Guyenne quelques mazarinades : la Défaite des troupes du comte d’Harcourt, que les sieurs de Montausier et de Folleville commandoient, par celles de monsieur le prince, sous la conduite du sieur Balthazar, etc. La Défaite des troupes du marquis de Sauvebeuf par celles de monsieur le prince, sous la conduite du sieur Balthazar… La Marche du sieur Balthazar dans le Périgord, ensemble la prise de la ville de Saint-Astier et de quelques châteaux. Est-ce par un mauvais jeu de mots sur les titres des deux premières pièces que l’auteur de l’Esprit de guerre des Parisiens dit : « La naissance et la bonté de son Altesse royale, le courage et les victoires du prince de Condé… les défaites de Balthazar… nous obligent de suivre un si juste parti. »