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de Mme de La Guette.

me donnez là un honnête congé. J’aime mademoiselle votre fille et l’honorerai toute ma vie ; quoi qu’on me puisse dire, je ne me marierai de long-temps, et serai toujours son très-humble serviteur et le vôtre. » Il s’en retourna là-dessus, voyant bien qu’il n’y avoit rien à prétendre.

Pour revenir au mariage de mon fils, ma belle-fille, qui avoit une extrême envie de me connoître, pressoit son mari de l’amener en France. Il le fit, et ils eurent l’honneur d’accompagner Mme la comtesse de Marsin, qui y repassoit en ce temps-là. Quand ils furent arrivés chez moi, mon fils me la présenta. Je reconnus d’abord qu’il avoit fait un assez bon choix. Je l’aimai tendrement, et elle me rendoit assez la pareille. Elle fut un an près de moi, parce qu’elle étoit grosse, et que je ne voulus jamais permettre qu’elle s’en retournât jusqu’à ce qu’elle fût accouchée.

Nous passâmes cette année-là fort agréablement, en visitant et étant visités de toutes mes bonnes voisines. Mon fils alloit et venoit en Flandre pour ses affaires particulières et pour faire les fonctions de sa charge, étant major de cavalerie dans les troupes du roi d’Espagne, et assez considéré parmi la nation. Il se trouva heureusement chez moi pendant les couches de sa femme, à qui sa présence donna une satisfaction qui la fit accoucher avec plus de joie. Six semaines après ils reprirent le chemin de Flandre. J’eus bien du déplaisir de les voir partir ; mais je ne pus les empêcher. Mon fils