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Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/40

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XXXVI
Préface.

canon tonne, il tourne le visage de madame de La Guette vers les murailles de la place. « Il lui sembloit, dit-elle, que je devois voir tout ce qui se passoit. » Ce récit à la fois si coquet et si naïf, où le naturel de la femme se montre à côté de la prétention de l’héroïne, n’est pas d’un romancier.

M. de La Guette, irrité par quelques plaisanteries de ses amis, s’abandonne à un de ses accès de violence. Il envoie chercher sa femme pour lui donner, dit-il, un coup de pistolet. C’étoit au milieu des joies de la réconciliation avec le vieux Meurdrac. On étoit au château de Grosbois. À ce sinistre appel que la sottise d’un valet allemand jette brutalement à travers les causeries joyeuses de l’assemblée, tout le monde s’étonne et s’inquiète. Madame de La Guette seule reste calme ; elle sort pour se rendre au lieu où l’attend le coup de pistolet. Le duc d’Angoulême, qui a vu La Guette entre cent gentilshommes impuissants à le ramener à la raison, veut en vain la retenir. Elle arrive dans la cour et voit son mari à cheval. Elle s’approche de lui, tranquille et souriante : « Mon garçon, lui dit-elle, pied à terre. J’ai un mot à vous dire. Nous parlerons plus tard du coup de pistolet. » La Guette obéit aussitôt. Cette scène-là non plus n’est pas d’un romancier. Nous nous assurons que madame de La Guette y est bien plus fière de l’amour de son mari que de son propre courage.