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Page:La Guette - Mémoires, 1856.djvu/83

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de Mme de La Guette.

M. le duc d’Angoulême, qui étoit à Saint-Germain auprès du roy, pour lui déclarer notre mariage et le conjurer très-humblement de le faire agréer à mon père. Son altesse fut surprise de cette nouvelle et en témoigna de la joie en même temps. Il faisoit à mon mary l’honneur de l’aimer, comme j’ai déjà dit ; il s’informa de lui si le mariage étoit consommé ; à quoi mon mari répondit que non et qu’il ne me vouloit pas presser là-dessus, parce qu’il m’en avoit donné parole. M. d’Angoulême se mit alors comme en colère et lui dit : « Par le corbleu, vous êtes un plaisant homme ! Si votre beau-père sait votre mariage, il mettra votre femme dans un couvent d’où vous ne la verrez jamais sortir. Partez incessamment et couchez avec elle sans remise. Je seray à Grosbois dans cinq ou six jours ; vous m’y viendrez trouver ; et j’enverrai chercher M. de Meurdrac pour le porter à vous pardonner. » Après une profonde révérence mon mari lui dit : « Monseigneur, j’espère tout de votre bonté. » Il partit là-dessus pour exécuter le conseil de son altesse, et me vint trouver à son ordinaire. Je ne dis point ce qui se passa. On le peut bien imaginer. Enfin le temps s’écoula ; et M. d’Angoulême vint à Grosbois. Il envoya quérir mon père par son écuyer, nommé M. de Rufierre. Mon père monta à cheval aussitôt pour aller recevoir l’honneur des commandements du duc. Aussitôt qu’il fut arrivé, son altesse lui parla de choses indifférentes et ensuite tomba sur