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de Mme de La Guette.

pour aller chez lui et pour embrasser à mon aise ma très-chère mère, que j’ai toujours aimée plus que ma vie. Elle me témoigna tant de joie et tant de bienveillance, que je ne saurois assez l’exprimer. Mon père me traitoit avec un peu plus de froideur ; nous fîmes collation tous trois ensemble et parlâmes de choses indifférentes. Une heure après, je pris congé de l’un et de l’autre, pour m’en aller rejoindre mon mari, qui m’attendoit avec impatience. Aussitôt qu’il me vit paroître, il vint au devant de moi ; car il prenoit plaisir à m’aider à mettre pied à terre, quoique j’eusse assez de disposition pour n’avoir pas besoin de secours. Nous gagnâmes notre chambre au plus vite pour nous entretenir à notre aise de tout ce qui s’étoit passé le même jour. Nous étions toujours ensemble, autant que nous pouvions y être, et passions le temps le plus agréablement du monde.

Environ quinze jours après notre accommodement, nous apprîmes la mort de Madame la duchesse d’Angoulême, que l’on avoit ramenée à Paris. J’en eus un déplaisir sensible, dont mon mari eut assez de peine à me consoler. En reconnaissance des grâces que j’avois reçues de Son Altesse, je priois souvent Notre-Seigneur pour le salut de son âme. Je la crois bien heureuse ; car elle a fait toute sa vie de très-bonnes actions. Deux ou trois mois après, il fallut baptiser mon fils, comme elle avoit souhaité. Madame la comtesse d’Alais voulut que ce fût à l’église de Saint-Paul,