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Page:La Harpe-Œuvres. Vol 1-1821.djvu/212

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Lui consacrer un cœur que tant d'amour enflamme !

Non, j'abhorre un serment trompeur, injurieux.

Ma voix s'arrêterait en prononçant mes vœux. [510]

Avant de les former, ciel ! Fais que Mélanie

Exhale à tes autels sa malheureuse vie !

LE CURÉ

Écoutez, mon enfant : votre ingénuité.

Sans doute a droit de plaire au dieu de la bonté.

Il ne veut point de nous d'offrande involontaire. [515]

Je n'irai point non plus par un langage austère,

Joindre encor à vos maux un effroi douloureux,

Qui, loin de les guérir, les rendrait plus affreux.

Ainsi sans m'élever contre un amour profane

Que la religion dans votre état condamne, [520]

Je m'occupe avec vous de vos seuls intérêts.

On m'appelle bien tard : vous savez quels projets,

Pour avancer son fils, a formé votre père,

Et quand on a conclu l'hymen de votre frère,

Quand tout est décidé, lorsque le jour est pris [525]

Où vos engagements doivent être remplis ;

Revenir sur ses pas, renverser son ouvrage,

(excusez un moment ce sinistre langage)

Est un effort pénible et qui doit lui coûter.

Mais nul obstacle ici ne saurait m’arréter.

C’est à moi de fixer les yeux de votre père

Sur des devoirs plus saints qu’il faut que l’on révère.

Ma fille. Dieu n’admet dans ce séjour sacré

Qu’une ame libre et calme et qu’un cœur épuré.