Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/214

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fit pâlir d’effroi. Le premier jour du même mois, la terre y avait commencé à trembler, vers onze heures du soir, avec beaucoup de violence, et ce mouvement avait duré deux heures entières. Il s’était renouvelé la nuit suivante, depuis minuit jusqu’à deux heures, et la troisième nuit, depuis une heure jusqu’à trois. Pendant que la terre tremblait, l’agitation du ciel n’était pas moins terrible par le déchaînement de tous les vents, par le tonnerre, la pluie et tous les fléaux de la nature. Enfin le troisième tremblement avait ouvert une infinité de passages à des torrens d’eau qui sortaient à gros bouillons du sein de la terre avec tant d’impétuosité dans leur ravage, qu’en peu de momens un espace de soixante lieues de tour avait été englouti, sans que d’une multitude infinie d’habitans il se fût sauvé d’autres créatures vivantes qu’un enfant de sept ans, qui fut présenté à l’empereur comme une merveille du sort. Nous nous défiâmes d’abord de la vérité de ce désastre, et plusieurs d’entre nous le crurent impossible. Cependant, comme il était confirmé par toutes les lettres de Canton, quatorze Portugais résolurent de passer au continent pour s’en assurer par leurs propres yeux. Ils se rendirent, avec la permission des mandarins, dans la province même de Chan-Si, où la vue d’une révolution si récente ne put les tromper. Leur témoignage ne laissant plus aucun doute, on tira d’eux à leur retour une attestation qui fut envoyée depuis