Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/142

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crétaire français dans certaines occasions, et que j’avais vu moi-même des brevets écrits de la main de ce père, et signés par monseigneur, et plus bas Tachard. À ce mot, le révérend père ne put s’empêcher de rire ; mais reprenant un moment après sa contenance grave et modeste, qu’il quittait rarement, il me fit encore d’autres questions sur les progrès du christianisme, auxquelles il me fut aisé de satisfaire.

« Au sortir du diner du roi, M. de Seignelay m’avait fait passer dans son cabinet, où il m’interrogea fort au long sur ce qui pouvait concerner l’intérêt du roi et celui du commerce ; je lui répondis à ce dernier égard comme j’avais fait à sa majesté : que le royaume de Siam, ne produisant rien, ne pouvait servir que d’entrepôt pour faciliter le commerce de la Chine, du Japon et des autres états des Indes ; que, cela supposé, l’établissement qu’on avait commencé, en y envoyant des troupes, devenait absolument inutile, celui que la compagnie y avait déjà étant plus que suffisant pour cet effet ; qu’à l’égard de la forteresse de Bancok, elle demeurerait aux Français durant la vie du roi de Siam et de Constance ; mais que, l’un des deux venant à mourir, les Siamois, sollicités par leur propre intérêt et par les ennemis de la France, ne manqueraient pas de chasser nos troupes d’une place qui les rendait maîtres du royaume. »

Nous joindrons ici le détail d’une expédition