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Les tribunaux siamois de judicature ne consistent proprement qu’en un seul officier, qui est le chef ou le président, parce que le droit de juger n’appartient qu’à lui. Cependant chaque tribunal est composé d’un grand nombre d’officiers subalternes qu’il doit consulter. La plus importante fonction de ce président est le gouvernement civil et militaire de son ressort, qu’il joint à l’administration de la justice. Comme ces grands emplois sont d’ailleurs héréditaires, il n’a pas été difficile à quelques-uns de ces gouverneurs, surtout aux plus éloignés de la cour, de se soustraire à la domination royale. Ainsi le gouverneur de Djohor a cessé d’obéir, et les Européens lui donnent même le nom de roi. Patane vit sous la domination d’une femme que le peuple de cette province élit dans une même famille, toujours veuve et vieille, afin qu’elle n’ait pas besoin de mari. Les Portugais et les Hollandais lui donnent aussi le nom de reine ; et pour unique marque de soumission, elle envoie de trois ans en trois ans, au roi de Siam, deux petits arbres, l’un d’or et l’autre d’argent, chargés tous deux de fleurs et de fruits.

Un gouverneur héréditaire porte le nom de tchaou-menang, qui signifie seigneur de ville ou de province. Les rois de Siam se sont efforcés de détruire les plus puissans tchaou-menangs. Ils ont substitué à leur place des gouverneurs par commission pour trois ans, sous le titre moins fastueux de pouran, c’est-