Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/244

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semblerait contredire ce qu’on vient de voir plus haut, que la possession en est rarement durable et assurée, si l’on n’ajoutait que la moindre faute d’un officier, ou le seul caprice du souverain peut ôter les plus grandes charges aux familles. D’ailleurs elles ne rapportent aucune espèce d’appointemens ou de gages. Le roi loge ses officiers et leur donne quelque meubles, tels que des boîtes d’or ou d’argent pour le bétel ; quelques armes et un ballon ; des éléphans, des chevaux et des buffles ; des corvées, des esclaves et quelques terres labourables, qui lui reviennent avec l’office, lorsqu’il en prive celui qui le possède. Mais le principal gain des charges vient des concussions, qui paraissent autorisées dans toutes les parties du royaume par le silence de la cour. Tous les officiers sont d’intelligence pour s’enrichir aux dépens du peuple. Le commerce des présens est public. Un juge n’est pas puni pour en avoir accepté, s’il n’est ouvertement convaincu d’injustice. Les officiers inférieurs se voient eux-mêmes forcés d’en faire aux plus grands. Cependant ils sont tous engagés par un serment à l’observation fidèle de leurs devoirs. La forme du serment consiste à boire une certaine quantité d’eau, sur laquelle les talapoins prononcent des imprécations contre celui qui l’avale, s’il manque jamais aux engagemens qu’on lui fait contracter. La différence de nation et de religion ne dispense point de ce serment ceux qui entrent au service de l’état.