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non-seulement à leur manière, qui est celle des Chinois, mais à celle de l’Europe, dont nous attribuons l’origine aux Orientaux. Ils ont divers jeux de hasard, entre lesquels Laloubère ne vit point de cartes.

Le tabac à fumer est un amusement si familier aux Siamois, que les femmes du premier rang n’y sont pas moins accoutumées que les hommes : ils en font peu d’usage en poudre. Quoique leur pays en fournisse abondamment, ils en tirent de Manille et de la Chine, qu’ils fument sans aucun adoucissement ; tandis que les Chinois et les Maures se croient obligés d’en faire passer la fumée par l’eau pour en diminuer la force. Le charme de l’oisiveté est d’autant plus nécessaire aux Siamois, qu’après leurs six mois de corvées, leur vie est tout-à-fait oisive. Comme la plupart n’ont pas de profession particulière, ils ne savent de quel travail s’occuper lorsqu’ils ont satisfait au service du roi ; ils sont accoutumés à recevoir leur nourriture de leurs femmes, de leurs mères, de leurs filles, qui labourent les terres, qui vendent ou achètent, et qui sont chargées de tous les soins domestiques. Une femme, suivant le témoignage de Laloubère, éveillera son mari à sept heures, et lui servira du riz et du poisson. Après avoir déjeuné, il continuera de dormir ; il dîne à midi ; il soupe à la fin du jour. Entre ces deux repas, il se livre encore au sommeil. La conversation, le jeu et l’amusement de fumer emportent le temps qui lui reste.