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ris pour faire jouer Timoléon, Pharamond et Gustave, tragédies dont malheureusement aucune ne se ressentit de l’inspiration de Ferney. On le jugea froid et sans verve. Piron, qui ne vit pas sans déplaisir qu’un poëte osât refaire Gustave Vasa, fit une épigramme dont voici la fin :

J’ai laissé Gustave imparfait,
Retouchez-y, mais gare au trait
Que vous et moi nous devons craindre.
Messieurs, criera quelque indiscret,
Mévius gâta le portrait,
Bavius l’achève de peindre.

Ce fut avant la représentation du Gustave de Laharpe que Piron lança cette épigramme ; il en fit une autre après la chute de la pièce ; il y qualifia Laharpe sans façon de

Lourd, froid, sec, éthique
Dans le dramatique.

Laharpe assure qu’il n’eut pas lui-même la patience d’attendre la fin de la représentation, qu’il ne garda que des fragmens de son manuscrit, qu’il jeta au feu la pièce de Pharamond, et que s’il eut la faiblesse ou plutôt le besoin de faire imprimer Timoléon, qui avait eu quelques représentations, îl ne comprit pas du moins cette tragédie dans la collection de ses œuvres. Ce qui lui avait paru bon dans la pièce de Timoléon, fut transporté plus tard dans celle de Coriolan. Bientôt après, en 1768, le public apprit que Laharpe avait brusquement quitté Ferney avec sa femme, et qu’il était revenu à Paris ; ses ennemis, dont le nombre