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ces, le vice-roi vint assiéger Daboul, une des villes les plus renommées de la cote de Malabar, et qui appartenais au roi de Décan. Elle fut emportée d’assaut, et abandonnée à la fureur du soldat, tout fut passé au fil de l’épée ; et la ville et les bâtimens qui étaient dans le port furent la proie des flammes. Almeyda, vainqueur et poursuivant sa vengeance, vint attaquer devant Diu la flotte de Mir Hossein, réunie avec les vaisseaux de Malek-Iaz. Rien ne put résister à l’impétuosité des Portugais ; Mir Hossein, blessé en combattant avec la bravoure la plus déterminée, fut porté dans une chaloupe au rivage, et se retira près du roi de Cambaye. Le carnage fut sans bornes et le butin sans prix. Les historiens portugais reprochent eux-mêmes aux vainqueurs un excès de cruauté. On peut les en croire sur leur parole ; remarquons en même temps que l’on trouva sur la flotte des Maures beaucoup d’ouvrages latins, italiens et portugais, témoignage des études et des connaissances de ce peuple, que de barbares usurpateurs osaient traiter de barbare.

Quoique la flotte du roi de Cambaye n’eût agi que par ses ordres, et par ceux de Malek-Iaz, cependant le vice-roi, qui ne voulait pas grossir le nombre des ennemis du Portugal, se contenta du désaveu et des soumissions de ce prince et de son ministre. Ce dernier avait eu la précaution politique de ne pas se trouver au combat, et envoya même complimenter le