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Goa jusqu’à Suez; et sa relation[1], pleine d’observations nautiques sur les distances et les latitudes des ports, des caps et des îles de la mer Rouge, sur les marées, les courans, les écueils et les bancs de sable, est le monument le plus utile et le plus curieux qui ait aidé les géographes à tracer la carte de cette mer, qui depuis a été d’autant plus difficilement connue, que les vaisseaux d’Europe qui viennent par l’Océan ne vont guère plus loin que Moka.

Castro, vice-roi des Indes, demanda en mourant qu’on l’assistât de quelque partie des deniers royaux, afin qu’on ne pût pas dire qu’il était mort de faim. En effet, on trouva dans ses coffres trois réaux pour toutes richesses. Il jura, au lit de la mort, qu’il n’avait jamais touché ni aux revenus du roi, ni à l’argent d’autrui ; serment qu’après lui aucun gouverneur ne fut tenté de faire. Son corps fut porté à Lisbonne ; mais ses exemples et sa renommée n’y arrivèrent que pour être un dernier monument des vertus qu’on ne devait plus revoir.

Ce fut sous le règne de Sébastien que l’Inde fit un effort général pour chasser les tyrans étrangers qui l’opprimaient. Le samorin et le roi de Carabaye attaquèrent toutes les possessions du Malabar. Le roi d’Achem mit le siége devant Malaca. Goa soutint un siége de six

  1. Elle ne fut jamais publiée en portugais. Le manuscrit fut trouvé dans un vaisseau de cette nation pris par les Anglais. Le célèbre Walter Raleigh l’acheta six livres sterling, le fit traduire, et y mit des notes marginales. Purchass l’inséra depuis dans son recueil.