Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/173

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deur et d’élévation naturel à Homère ; et le mérite de Camoëns est d’avoir égalé, dans quelques épisodes, l’imagination et l’intérêt qui animent le style de Virgile. Le sujet de Camoëns est encore à traiter, et le poète qui le remplirait serait aussi supérieur aux chantres de la Grèce et de Rome que le passage du cap des Tempêtes et la conquête des Indes sont au-dessus des voyages d’Ulysse et d’Énée.

Après avoir considéré l’époque mémorable où le Portugal ouvrit aux nations d’Europe cette vaste route autour de l’Afrique pour pénétrer dans les mers d’Asie, où l’on ne descendait auparavant que par la mer Rouge, l’ordre que nous nous sommes prescrit dans cet ouvrage nous arrête d’abord sur cette même Afrique, dont les Européens avaient déjà fréquenté les côtes avant l’expédition de Gama, mais dont toute l’étendue, depuis la hauteur des Canaries jusqu’au cap de Guardafui, à l’entrée du golfe Arabique, n’a été bien connue que depuis le passage du cap de Bonne-Espérance.