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du commerçant. Les côtes ont été fréquentées dans tous les temps, surtout la côte orientale qui regarde l’Inde, et qui est voisine de la mer Rouge, de ce golfe qui, par sa situation, semble fait pour rapprocher l’Afrique et l’Asie, et qui a dû toujours être le centre d’un grand commerce. C’est de la mer Rouge que partirent, sous le règne de Nécao, les navigateurs phéniciens qui, au rapport d’Hérodote, firent en trois ans le tour de l’Afrique, et, après avoir parcouru l’Océan, revinrent en Égypte par le détroit de Gibraltar et la Méditerranée. Hannon et Himilcon firent aussi le même circuit depuis Gades jusqu’au golfe d’Arabie. Mais cette route, devenue depuis si facile et si commune pour les Européens, était alors un effort rare et pénible pour les peuples qui ne pouvaient que suivre les côtes. Toute la partie occidentale d’Afrique, depuis Gibraltar jusqu’au cap de Bonne-Espérance, n’a été bien connue que depuis que les Portugais eurent doublé ce cap en allant aux Indes par mer.

Cependant plusieurs voyageurs, entre autres, Villault de Bellefond et Labat, prouvent, par les monumens qui subsistent encore en Afrique, que dès le milieu du quatorzième siècle, c’est-à-dire, plus de cent ans avant les premières découvertes des Portugais, des marchands français de Dieppe, en suivant les côtes depuis Gibraltar, allèrent au Sénégal et jusqu’en Guinée, et formèrent des établissemens