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à nos villes d’Europe. Les Nègres de Cormantin, qui habitaient dans les montagnes, ménageaient moins les Portugais. Ils apprirent aux Anglais que la plus grande partie de la poudre d’or dont on trafiquait sur la côte venait de plusieurs ruisseaux qui serpentaient dans des déserts entre des montagnes. Towtson ne craignit pas de s’y engager sous la conduite de quelques Nègres. Il entra dans des vallées fort étroites, ou plutôt dans de longues ravines, où souvent il fallait marcher dans l’eau faute de rives. Après avoir fait cinq ou six lieues sans rien découvrir qui ressemblât à de l’or, il vint à un endroit plus ouvert où le ruisseau se perdait dans des sables. L’eau, chargée de petites particules d’or, les déposait en pénétrant dans ces sables humides. Towtson les remua long-temps sans rien apercevoir. Les Nègres, plus exercés que lui à ce travail, lui firent découvrir un assez grand nombre de paillettes, dont il recueillit près de deux onces d’or. Animé par ce succès, il voulut passer la nuit au même endroit, malgré le danger où il était d’être assailli par les bêtes féroces et par les monstres, hôtes naturels de ces déserts, qu’ils cèdent pendant le jour à l’homme qui vient chercher de l’or, mais dont ils se ressaisissent dès que la nuit les en laisse seuls maîtres. Il employa encore au même travail une partie du jour suivant. Mais ses gens, qui trouvaient beaucoup plus court et plus commode de recevoir l’or sans peine et sans danger des mains