Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/187

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bisher, qui, avec deux vaisseaux de guerre et treize vaisseaux marchands, se proposaient de pénétrer jusqu’aux Indes, et n’allèrent guère au delà des Açores ; mais elle est remarquable par la prise de deux de ces gros vaisseaux portugais nommés caraques, les bâtimens les plus considérables que l’on connût alors, et dont le nom seul inspirait la terreur. Les Anglais en prirent deux, la Santa-Cruz et la Madre de Dios, qui revenaient des Indes, toutes deux richement chargées, et dont la cargaison fut estimée deux cent mille livres sterling. Cette prise fut singulièrement utile aux Anglais, en ce qu’ils trouvèrent dans les papiers des Portugais de grandes lumières sur la navigation et le commerce des Indes. D’ailleurs la supériorité naissante de la marine anglaise commençait à se faire sentir. L’esprit de piraterie et le désir de s’ouvrir la route des Indes armaient en pleine paix des corsaires anglais qui s’enrichissaient des dépouilles de l’Espagne et du Portugal. Un comte de Cumberland ne dédaigna pas ce nom de corsaire : tant la gloire de combattre les tyrans des deux mondes et d’affaiblir leur marine semblait alors ennobiir tout ! Il brûla une caraque nommée las Cinque Plagas ou les Cinq Plaies. Un autre capitaine, nommé White, avait pris, quelque temps auparavant, deux bâtimens espagnols chargés de plus de deux millions de chapelets, et d’une quantité prodigieuse de médailles, de bréviaires, de missels et d’agnus. Il y en avait de quoi