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rope, ils laissèrent des comptoirs et des facteurs dans Java et dans Sumatra. Lancaster rapportait une lettre du roi d’Achem à la reine Élisabeth. Il consent par cette lettre à s’unir avec Élisabeth contre leur ennemi commun le roi d’Espagne, qu’il appelle Sultan d’Afrangiah, ou monarque de l’Europe ; ce qui prouve quelle idée l’on avait en Orient de la puissance de ce prince. « En quelque lieu que nous puissions le rencontrer, dit le roi d’Achem, nous lui ôterons la vie par un supplice public. » Si Philippe ii, qui ne riait guère, avait vu cette lettre, il aurait pu rire de l’arrêt que prononçait contre lui un petit roi de l’Inde que le moindre capitaine espagnol faisait trembler.

Quelque temps après, Middleton fit un voyage aux Moluques, dont les Hollandais et les Portugais se disputaient la possession. Les Anglais, avec des forces inférieures, parvinrent, non sans beaucoup de peine, à se maintenir dans l’égalité, et à se procurer une grande quantité de poivre et d’épices, avantages qu’ils durent surtout à leur conduite sage et modérée, qui les fit aimer des habitans autant que leurs concurrens en étaient haïs ou méprisés. Un proverbe indien disait : « Les Anglais sont bons, et les Hollandais ne valent rien. » Edmond Scot, facteur de Lancaster, a écrit quelques détails sur les mœurs des habitans de Java et des Chinois, mêlés en grand nombre avec les naturels de l’île ; mais cette description appartient à l’histoire des voyages et des établisse-