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une adresse qui trompa celui qui visitait ses habits ; et lorsque l’Anglais, s’en étant aperçu, voulut lui saisir le bras, il passa aussi légèrement cette arme dans son autre main, et en perça le ventre à l’Anglais, en jetant un grand cri, qui servit de signal à tous les autres. Le combat devint alors général ; mais Sharpey et plusieurs officiers qui se trouvaient sur le pont eurent bientôt abattu les plus furieux : les autres furent tués dans la salle d’armes, où ils s’étaient précipités en foule ; il en périt trente-deux ; le reste, au nombre de douze, se jeta dans les flots, où quatre se noyèrent ; mais les huit autres profitèrent avec tant de promptitude et d’adresse du trouble qui régnait sur le vaisseau, qu’étant rentrés dans une de leurs pangayes, ils gagnèrent le rivage ; enfin de cette troupe de furieux il ne resta que deux prisonniers, si terribles encore dans l’agitation de leurs esprits, qu’on fut obligé de les charger de chaînes : il y eut quelques Anglais de blessés.

Sharpey, ayant rencontré près de Socotora un vaisseau guzarate qui faisait voile vers Aden, et qui lui vanta le commerce de cette ville, prit le parti de la visiter, et s’avança vers le golfe Arabique. Les Guzarates le trompaient. Aden n’était qu’une forteresse turque, défendue par une forte garnison, comme étant la clef du golfe, et dont ils fermaient l’accès à tous les Européens. Le capitaine anglais vit, en approchant, le château qui est à l’entrée