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sant espérer une somme d’argent pour récompense de ses soins. Le pacha, informé par les lettres de l’aga de l’arrivée des vaisseaux anglais et de tout ce qui s’était passé, avait ordonné qu’on amenât les prisonniers à Zénan, éloigné de Moka de quinze jours de route. Le peuple, qui n’avait jamais vu d’hommes de leur nation, s’assemblait en foule pour les regarder. Partout où l’on passa la nuit, ils n’eurent point d’autre lit que la terre. C’était à la fin de décembre, et, sans les robes fourrées que Middleton fit acheter dans la route, et dont il n’aurait pas cru avoir besoin à seize degrés de la ligne, la plupart seraient morts du froid qui se fait sentir dans les montagnes d’Arabie, malgré leur situation entre le tropique et l’équateur. La terre était couverte de frimas tous les matins, et la nuit la glace avait un pouce d’épaisseur. C’est une observation attestée par le journal de Middleton.

À quelque distance de la ville, on rencontra un officier du pacha à la tête de deux cents hommes, avec leurs trompettes et leurs timbales. Ils se partagèrent en deux lignes, entre lesquelles on plaça les Anglais, à qui l’on fit quitter leurs robes et leurs chevaux, et qui marchèrent à pied. À la première porte, ils trouvèrent une garde nombreuse. La seconde était défendue par deux grosses pièces d’artillerie sur leurs affûts. Les soldats qui les avaient escortés firent une décharge de leurs mousquets à la première porte, et se mêlèrent avec