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que son esclave, qu’il n’avait pu rien promettre sans son ordre, et qu’il avait suivi celui du grand-seigneur en châtiant des infidèles qui avaient osé venir près de la Ville Sainte. Enfin il ajouta qu’il allait écrire au sultan pour savoir sa volonté, et que l’amiral pouvait écrire de son côté à l’ambassadeur que les Anglais avaient à Constantinople ; qu’en attendant ils demeureraient prisonniers. L’amiral fut congédié après cette explication et conduit avec cinq ou six de ses gens dans une prison assez commode, tandis que tous les autres furent jetés dans un noir cachot et chargés de chaînes. Un jeune homme de sa suite, qui s’était imaginé, en se voyant conduire devant le pacha, qu’il allait recevoir la mort, et que tous les Anglais n’attendraient pas long-temps le même sort, tomba dans un évanouissement si profond, qu’il n’en revint que pour expirer peu de jours après.

Mais, dès le lendemain, Middleton fut fort étonné de recevoir un messager du kiaia qui l’invitait à déjeuner avec lui : c’était l’effet des recommandations de l’honnête banian et du négociant Hamed. Un Maure du Caire, fameux par ses richesses, et qui même avait prêté de grosses sommes à ce pacha, osa lui dire qu’il s’exposait par ses violences à ruiner tout le commerce du pays. Ce Maure avait un vaisseau dans la rade de Moka, et craignait le ressentiment des Anglais, qui en effet ne tarda pas à éclater. L’amiral, encouragé par ces protections puissantes, et par les promesses du kiaia