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tels que les orangers, les lauriers-roses, les lauriers-cerises, tout couverts d’eau. Supposons dans un pays chaud un lieu où les brouillards s’amoncellent sans cesse, les végétaux qui y croîtront en feront autant que nos lauriers-cerises. Sans leur secours, l’eau des nuages, absorbée par la terre, ne sera d’aucune utilité pour le pays, et retournera à l’Océan par des issues cachées. On pouvait donc renouveler l’arbre saint qui était très-vieux, lorsqu’un ouragan le déracina en 1625. Il fut dressé un procès-verbal de ce malheur ; et les notables du pays, s’étant assemblés, firent jeter les feuilles du garoë au lieu où tombait auparavant son eau.

» La description de l’arbre saint, donnée par Galindo, convient parfaitement au laurus indica, bel arbre qui croît naturellement sur le sommet des montagnes de toutes les Canaries »[1].

Lancerotta est à quarante-huit lieues de la grande Canarie, vers le nord-est ; sa longueur est de douze lieues. Ses seules richesses sont la chair de chèvre et l’orseille. Elle a le titre de comté. Elle envoie chaque semaine à Canarie, à Ténériffe et à Palma des barques chargées de chair de chèvre séchée qui s’appelle tussinetta, et dont on se sert dans ces îles au lieu de lard.

Une chaîne de montagnes qui la divise sert d’asile à quelques bêtes sauvages, qui n’em-

  1. Essai sur les îles Fortunées, par M. Bory-Saint-Vincent, p. 220, etc.