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L’ancre fut levée aussitôt, et les voiles tournées vers les côtes de France. Mais l’inquiétude et la précipitation de Macham ne lui avaient pas permis de choisir les plus habiles matelots de l’Angleterre. Le vent d’ailleurs lui fut si peu favorable, qu’ayant perdu la terre de vue avant la nuit, il se trouva le lendemain comme perdu dans l’immensité de l’Océan. Cette situation dura treize jours, pendant lesquels il fut abandonné à la merci des flots. La boussole n’était point encore en usage dans la navigation. Enfin, le quatorzième jour au matin, ses gens aperçurent fort près d’eux une terre qu’ils prirent pour une île. Leur doute fut éclairci au lever du soleil, qui leur fit découvrir des forêts d’arbres inconnus. Ils ne furent pas moins surpris de voir quantité d’oiseaux d'une forme nouvelle, qui vinrent se percher sur leurs mâts et leurs vergues sans aucune marque de frayeur.

Ils mirent la chaloupe en mer. Plusieurs matelots y étant descendus pour gagner la terre, revinrent bientôt avec d’heureuses nouvelles et de grands témoignages de joie. L’île paraissait déserte ; mais elle leur offrait un asile après de si longues et si mortelles alarmes. Divers animaux s’étaient approchés d’eux sans les menacer d’aucune violence. Ils avaient vu des ruisseaux d’eau fraîche et des arbres chargés de fruits. Macham et sa maîtresse, avec leurs meilleurs amis, n’eurent plus d’empressement que pour aller se rafraîchir dans un si beau pays.