Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/334

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veux droits et bruns, quoique assez courts. Tandis qu’il le considérait, il fut extrêmement surpris de lui entendre dire en anglais que l’île produisait quantité de richesses qui n’étaient pas connues des Portugais, et dont les insulaires ignoraient l’usage ; telles que de l’or, de l’ambre gris, de la cire et divers bois de teinture. En s’expliquant davantage, Roberts apprit avec une joie égale à son étcnnement que cet étranger était Anglais, né à Carléon, sur la rivière d’Usk, dans le pays de Galles ; que son nom était Charles Franklin, et qu’il était fils d’un juge de paix. Il avait commandé plusieurs bâtimens de Bristol. Dans un voyage aux Indes occidentales, il avait été pris par le pirate Barthélemi, et conduit sur la côte de Guinée, d’où il avait trouvé le moyen de s’échapper. Il s’était réfugié à Sierra-Leone, chez un prince nègre nommé Thomé. Barthélemi avait employé les menaces pour l’arracher de cet asile ; mais le prince Thomé, fidèle à ses promesses, lui avait fait une réponse fière et méprisante, qui avait obligé le pirate à se retirer. Après son départ, le capitaine Plunket, chef du comptoir anglais de Sierra-Leone, ayant entendu parler de Franklin, et le prenant pour quelque scélérat de la troupe du pirate, l’avait fait demander au prince Thomé, dans la seule vue de le condamner au supplice suivant la rigueur des lois anglaises. Le prince nègre en avait averti Franklin, sans lui cacher qu’il était embarrassé par la crainte de déplaire aux An-