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Les Portugais, en découvrant ces îles, leur donnèrent le nom de las ilhas de Cabo-Verde. Le cap tire le sien de la verdure perpétuelle dont il est couvert ; et les îles, du cap vis-à-vis duquel elles sont situées. Cependant elles sont nommées aussi par les Portugais las ilhas Verdes, soit par simple contraction, soit par allusion à l’herbe verte, qu’ils nomment sargosso, dont toutes ces îles sont environnées. Elle a beaucoup de ressemblance avec le cresson d’eau, et son fruit ressemble à la groseille. La mer en est couverte depuis le 20e. degré jusqu’au 24e. Dans quantité d’endroits, elle est si épaisse, qu’elle présente comme un grand nombre d’îles flottantes, qui sont capables d’arrêter les vaisseaux lorsque le vent n’est point assez fort pour leur faire surmonter cet obstacle, sans qu’on puisse s’imaginer ce qui produit cette verdure dans une partie de l’Océan qui est à plus de cent cinquante lieues des côtes de l’Afrique, et qui n’a pas de fond. Les Hollandais appellent les îles du cap Vert îles de Sel, parce qu’il s’y en trouve beaucoup.

On en compte dix : Sal, Bona-Vista, Mayo, San-Iago, Fuego ou Saint-Philippe, Brava ou Saint-Jean, Saint-Nicolas, Sainte-Lucie, Saint-Vincent, et Saint-Antoine. D’autres en comptent douze, et quelques-uns quatorze ; mais ils donnent mal à propos le nom d’îles à quatre rocs, dont les deux premiers, qu’on a nommés Ghuny et Carnera, sont au nord de Brava; et les deux autres, nommés Chaor et Bracna, à l’ouest de Saint-Nicolas.