Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’y saurait poser le pied dans les lieux où le soleil fait tomber ses rayons. Le vent du nord-est, qui s’y élève un peu avant quatre heures après midi, apporte ensuite une fraîcheur soudaine dont les effets sont souvent mortels. Aussi les habitans ont-ils la précaution de se couvrir la tête d’un bonnet qui leur descend jusqu’aux épaules, et le corps d’une robe fourrée, ou doublée de coton. Hawkins observe encore que dans ce climat, comme aux côtes de Guinée et dans tous les pays chauds, la lune a beaucoup d’influence sur le corps humain, et qu’il est par conséquent fort dangereux d’y passer la nuit à l’air.

Beckman remarque que dans la plupart des îles du cap Vert le terroir est pierreux et stérile, et surtout dans celles de Sal, de Bona-Vista et de Mayo. Sal et Mayo ont un grand nombre de chevaux sauvages. Outre les chevaux Mayo a quantité de chèvres, et du sel en si grande abondance, qu’on en pourrait charger, dit-on, plus de deux mille vaisseaux. Les autres îles sont beaucoup plus fertiles, et produisent du riz, du maïs, des bananes, des limons, des citrons, des oranges, des grenades, des cocos, des figues et des melons. On y trouve aussi du coton et des cannes à sucre. Les chèvres y donnent généralement trois ou quatre chevreaux d’une portée, et souvent trois fois dans une année. Les vignes y rapportent aussi deux fois.

La richesse des habitans consiste dans leurs peaux de chèvres, et dans le sel de Bona-Vista,