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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 1.djvu/37

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de l’Afrique, et ignorèrent la configuration de cette partie du monde. En Asie, leurs recherches ne s’étendirent point au delà des contrées méridionales qui leur envoyaient les richesses de leur sol. Jamais ils ne pénétrèrent dans le nord de l’Europe ; l’immense empire actuel de la Russie ne leur fournit que de faibles notions sur les mœurs des habitans. Ils ne soupçonnèrent point l’existence d’autres continens, d’autres parties du monde. Ils en restèrent aux élémens de la minéralogie, de la géologie, de la botanique, et d’autres sciences qui ont des rapports si intimes avec la géographie, et qui l’ont tant enrichie depuis qu’elles sont bien cultivées !

Encore ces renseignemens accumulés pendant plusieurs siècles, et par suite de nombreux événemens, faillirent-ils se perdre lors de la chute de l’empire romain. Des peuples barbares traversèrent l’empire romain pour le ravager ; ils substituèrent leur barbarie et leur liberté, au brillant esclavage des peuples soumis à Rome ; ils renversèrent cette puissance qui avait détruit tant de puissances plus faibles, et firent rentrer les nations dans la barbarie et l’indépendance, d’où elles avaient été tirées par la force aidée de la civilisation.

Ces barbares du Nord s’embarrassèrent peu des sciences ; ils eurent des idées d’enfant sur la géographie : toutefois ils avaient trouvé sans difficulté la route des plus belles provinces de l’empire romain, et ils y firent connaître pour la première fois les pays du Nord dont on n’avait presque rien su, triste